
Homélie du Père Etienne NEMI
Vénérer la mémoire des grands hommes du passé, notamment par le soin accordé à leur sépulture, est une pratique assez répandue. Nos pays, nos peuples, nos cultures ont tous des grands hommes, des grands noms qui ont marqué nos histoires et qui sont souvent l’objet de notre vénération, de nos célébrations : ils ont des monuments, nos rues ou mêmes institutions portent leurs noms…
Mais peut-on prétendre honorer la mémoire d’une personne alors même qu’on reproduit aujourd’hui les comportements que cette personne dénonçait ? Peut-on célébrer avec faste la vie d’une personne alors qu’on serait le premier que cette personne dénoncerait si elle revenait aujourd’hui ?
C’est en effet la contradiction devant laquelle se trouvent les interlocuteurs de Jésus. Ils bâtissent les tombeaux des prophètes, ces grands hommes d’hier, tout en reproduisant aujourd’hui les comportements de leurs ancêtres qui les avaient tués. Ils célébraient donc des personnes qu’ils seraient les premiers à combattre, si ces personnes-là revenaient ! Et Jésus qu’ils combattent aujourd’hui est justement dans la lignée de ceux qu’ils célèbrent. Quelle hypocrisie que ces vénérations !
Cette critique de Jésus nous renvoie à notre pratique religieuse faite de célébrations, de vénérations, de présence des images, statues, « monuments » de ces prophètes dans nos maisons. Et plus fondamentalement, nous célébrons un grand homme, Fils de Dieu, Jésus. Certains voyaient même en lui un grand prophète.
Cet homme de justice, de vérité et de paix fut tué par ceux qui vivaient d’injustice et, de mensonge et de haine. Sommes-nous différents de nos ancêtres qui l’avaient tué ? Ne reproduisons-nous pas les mêmes actes, les mêmes gestes, les mêmes comportements envers ceux qui aujourd’hui comme lui osent dire la vérité, faire la justice ? Combien de fois n’avons-nous pas fait taire ou combattu celui qui disait la vérité alors même qu’on portait une croix sur le cou, qu’on l’avait accroché dans notre maison ?
Porter une croix par exemple en signe de vénération de celui qui est mort pour la justice, pour la vérité, pour la dignité des plus faibles, devrait être le signe qu’on se désolidarise de tous ceux qui aujourd’hui, sont contre la vérité, la justice, la paix, la dignité des autres. Mais est-ce souvent le cas ? N’est-ce pas plutôt souvent le contraire ?
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