Tant que les chrétiens ne changeront pas, il y aura toujours des Thomas

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Ce dimanche après Pâques est appelé dimanche de la Miséricorde divine.

Qu’est-ce que la Miséricorde divine ? Dans le mot « miséricorde », on retrouve les mots « misère » et « cœur ». Miséricorde veut donc dire « avoir le cœur sensible au malheur des autres », c’est quand on est touché par la misère, la souffrance, la maladie, les cris et les gémissements de nos frères et sœurs.

Et c’est justement cela que nous demandons à Dieu. Qu’il soit touché par toutes les situations difficiles que nous vivons, qu’il vienne à notre secours, que nous soyons présents dans son cœur.

C’est ce que nous voyons avec Thomas. Dieu est bon même avec ceux qui doutent de lui, même avec ceux qui ne lui font pas confiance. Le problème de Thomas est qu’il ne fait confiance à personne. Il ne fait pas confiance à la parole de Dieu, il ne fait même pas confiance à ses amis. Il ne fait confiance qu’à lui seul. Mais comment un chrétien peut-il vivre ainsi ?

En réalité, nous sommes un peu tous comme Thomas. « Si je ne vois pas moi-même, si je ne touche pas moi-même, je ne croirai pas. »

L’un des miracles de la résurrection, c’est d’apprendre à avoir confiance. « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Faire confiance à la parole de Dieu, nous faire confiance entre nous. Chacun de nous est un Thomas pour son frère. On doute de tout, on se méfie de tout. Les parents doutent de leurs enfants, les enfants de leurs parents, les maris de leurs femmes, les femmes de leurs maris. Les chrétiens, comme nous le voyons dans la 1ère lecture, n’avaient qu’un seul cœur et une seule âme. Avons-nous un seul cœur et une seule âme ?

C’est vrai que faire confiance n’est pas facile. Il y a des qui n’inspirent vraiment pas confiance. Est-ce que nous inspirons vraiment confiance ? Est-ce que nous ne sommes pas souvent la cause du manque de confiance des autres ? Que de mensonges, que de malhonnêteté ! Pour faire confiance à quelqu’un, il faut que cette personne-là nous rassure. Faire confiance en quelqu’un, c’est la plus grande marque d’amitié, c’est la marque des enfants de Dieu.

La méfiance au contraire est la marque des enfants du diable qui nous demande de nous méfier les uns des autres, et même de nous méfier de Dieu. C’est ce qu’il avait suggéré à Adam. Mais à travers Thomas, Jésus nous suggère aujourd’hui d’avoir confiance.

La preuve que le Seigneur est vraiment ressuscité, c’est quand les gens verront comment la confiance règne entre nous, comment nous sommes sensibles chacun à la souffrance de l’autre, comment on ne peut pas fêter quand notre frère est dans les problèmes. Les gens qui doutent croiront quand ils verront que quelque chose a changé dans notre comportement, dans nos familles, dans nos paroisses, dans notre vie.

Comment les gens peuvent-ils nous prendre au sérieux quand ils nous voient vivre comme des païens, ennemis les uns des autres, quand nous continuons à nous méfier les uns des autres ? Comment Thomas pouvait-il croire aux autres alors qu’il voyait bien que rien n’avait vraiment changé dans leur vie ? Qu’ils vivaient toujours cachés et dans la peur ?

Tant que nous ne changerons pas et que les gens nous verrons toujours dans nos vieilles et mauvaises habitudes, il y aura toujours des Thomas.

Dans l’évangile, nous voyons que pour soigner le manque de confiance de Thomas, Jésus lui montre ses blessures, ses plaies. Cela signifie que les blessures, ce qu’il a fait pour nous nous rassure, nous fait avoir confiance en lui, tous les sacrifices qu’il a fait pour nous le rendent crédible. C’est pourquoi si on prenait le temps de regarder les blessures que nos parents ont dû endurer pour nous aider, élever, pour nous nourrir, si les hommes pouvaient regarder comme Thomas les blessures, les sacrifices de leurs femmes, si les femmes regardaient un peu plus les signes et gestes d’amour de leurs maris, alors on se ferait facilement confiance les uns les autres. Il y a deux problèmes qui peuvent expliquer le manque de confiance. Soit personne n’accepte, comme Jésus d’être blessé, de souffrir pour l’autre, soit personne ne veut regarder les souffrances de celui qui a accepté de souffrir pour nous.

Ainsi, les deux obstacles à la confiance sont l’égoïsme des uns et l’ingratitude des autres. Et nous sommes tous, soit égoïstes, soit ingrats, et parfois les deux à la fois.

Quelles sont les plaies que nous pouvons présenter aux autres pour leur montrer que nous sommes dignes de confiance ? Qui comme Thomas prend la peine de reconnaître les bienfaits qu’il reçoit des autres ?

Les blessures de Jésus ont soigné les blessures dans le cœur de Thomas. Et nos blessures aussi soigneront les blessures spirituelles, affectives, sentimentales, et mêmes physiques de tous ceux qui nous entourent. N’ayons pas peur de nous blesser, et surtout n’ayons pas honte de regarder les blessures que les autres encaissent pour nous.