Ne vont jusqu’au bout que ceux qui aiment vraiment et qui croient fortement à ce qu’ils font.

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Homélie du Père Etienne NEMI

L’évangile de ce dimanche apporte une bouffée d’optimisme au cœur de nos vies et de notre monde très souvent gagnés par le pessimisme et le découragement. Il nous invite à plus d’optimisme, quels que soient les échecs, l’animosité, les blocages, les désillusions auxquels nous faisons face.

Tout commence pourtant mal pour le semeur de l’évangile. Sur les six versets de la parabole qui nous parlent du travail de ce semeur (Mt 13, 4-9), quatre évoquent l’échec (Mt 13, 4-7). Sur les quatre expériences qu’il fait, il va connaître trois échecs. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’environnement dans lequel il vit et travaille est un environnement hostile. Il y a les oiseaux qui n’attendent qu’une chose : que les grains soient jetés pour venir tout picorer. Il y a des pierres qui bloquent l’enracinement de ce qui a été semé, le rendant fragile et donc stérile. Et puis, il y a ces ronces qui, à force de piquer et de blesser, finissent par décourager et par faire périr.

Et parfois, on a l’impression d’être cette semence jetée au cœur d’un environnement hostile. Comment, en effet, peut-on vivre, travailler et faire quelque chose de bon, de durable, lorsque tout ce qui provient de nous est systématiquement détruit, effacé, discrédité par ceux qui nous entourent ? Comment peut-on porter du fruit lorsque toute initiative de notre part ne peut pas prospérer parce que mal vue, soupçonnée, et donc bloquée comme par des pierres ? Comment peut-on tenir lorsqu’on est sans cesse piqués, blessés dans notre loyauté, notre fidélité, notre bonne volonté par des remarques désobligeantes, méchantes, fausses ? Souvent, nous avons le fort sentiment d’évoluer, comme notre semeur de l’évangile, dans un milieu hostile, qui finit par tuer notre bonne volonté, par nous renfermer sur nous-mêmes et par nous décourager.

Souvent, ne vont jusqu’au bout que ceux qui aiment vraiment et qui croient fortement à ce qu’ils font. Et c’est justement le cas du semeur de l’évangile. Et peut-être que notre problème est que nous ne croyons pas souvent fermement à ce que nous faisons et que nous ne l’aimons pas suffisamment. Aux pieds du Seigneur, apprenons à aimer davantage ce que nous faisons, les personnes avec qui nous sommes, apprenons à aimer notre société, notre monde, nos pays, à nous aimer nous-mêmes, alors on ne se découragera jamais, malgré les rapaces, les pierres et les ronces.

La bonne nouvelle, c’est que tout autour de nous n’est pas qu’oiseau de mauvais augure, n’est pas que pierres, n’est pas que ronces. Il y aura toujours aussi, heureusement, à côté de nous, une bonne terre, une bonne personne sur qui on pourra s’appuyer et qui pourra nous valoriser et nous permettre de donner la pleine mesure de ce dont nous sommes capables de faire de bien, de beau, d’utile… Elles ne sont certainement pas les plus nombreuses encore moins les plus bruyantes, mais elles sont là, dans le silence parfois de celui qui sait reconnaître, apprécier et valoriser ce qui est beau et bien fait. Rendons grâce au Seigneur pour ces bonnes personnes, cette bonne terre. Leur présence à elle seule justifie le fait que nous continuions, avec courage et détermination, malgré les mauvais oiseaux, les cailloux qu’on nous lance ou les pierres sur lesquelles on bute, malgré les mots, les paroles, les regards, les attitudes qui piquent et blessent.

La semence, ce n’est pas que moi, c’est souvent aussi mon prochain. Et la terre, l’environnement dans lequel il est jeté, c’est moi. Et dans ce cas, ne suis-je pas alors l’oiseau de mauvais augure, celui qui détruit et efface systématiquement ce qu’il s’efforce de faire avec amour et bonne volonté ? Ne suis-je pas cette pierre qui bloque tout pour qu’il ne prospère pas ? Ne suis-je pas cette ronce qui le juge, le blesse par des mots, des actes ? Que de fois j’ai détruit, effacé, bloqué, blessé ! Ne suis-je pas souvent la cause de ses échecs, de son découragement, de sa démission ? Que le Seigneur convertisse cet oiseau de mauvais augure qu’il m’arrive souvent d’être. Qu’il transforme cette terre pierreuse ou pleine d’épines que je suis parfois en une terre fertile où mon prochain pourra vivre et s’épanouir comme le veut celui qui l’a planté tout à côté de moi.

Mais cette semence jetée par le semeur, c’est aussi la Parole de Dieu. Et parmi les obstacles à l’épanouissement de la parole de Dieu dans ma vie, il y a mon cœur endurci comme une pierre, imperméable à cette semence d’amour, de fraternité… ; il y a mon cœur blessé et meurtri par les différentes situations difficiles qu’il m’arrive de traverser.

Et puis il y a aussi mon cœur dispersé, de gauche à droite, allant sur d’autres chemins, attiré par d’autres sirènes, et tournant résolument le dos à Dieu. Pour en parler, je partirai de l’histoire de ce moine qui priait pour un homme pauvre, hospitalier et généreux, qui avait toujours le cœur sur la main. Il priait pour que le Seigneur lui envoie la richesse. Dieu a exaucé sa prière et l’homme est devenu riche ; mais il a cessé d’aider les autres et il est devenu renfermé, orgueilleux et avare… Son cœur avait pris d’autres chemins, picoré par des oiseaux qui se présentent comme des amis, alors qu’au fond, ce sont des ennemis redoutables. Ils sont d’autant plus dangereux qu’on ne s’en méfie pas, au contraire, on les recherche. Et saint Hilaire de Poitiers, parlant de cet ennemi de la Parole de Dieu, disait : « il ne nous frappe pas notre dos à coups de fouets, il nous caresse le ventre. Il ne nous confisque pas nos biens, mais il fait de nous des riches pour nous donner la mort. Il ne porte pas atteinte à notre liberté, en nous jetant dans les fers, mais il nous rend esclaves des invitations qui nous sont faites et des honneurs dans les palais. Il ne porte pas atteinte à nos corps, mais il prend possession de notre cœur. Il ne nous tranche pas la tête du plat de l’épée, mais il nous tue l’âme de ses deniers. » Que le Seigneur libère nos cœurs de leurs griffes mortelles.

Oraisons du Père Anicet AWOUBA

🍇🌾💐 Jésus, fais-moi comprendre que, dans notre vie, l’unique erreur est de ne pas devenir saint. Si cette vie nous est donnée pour te connaître et t’aimer, alors, quoi que je fasse, que je le fasse avec toi et pour toi. Fais que je te reconnaisse et t’aime dans mon prochain, celui qui vit à mes côtés. Ne permets pas que les jours passent sans que je puisse t’aimer. Que ta parole résonne en mon cœur . Ouvre mes yeux devant ton image crucifiée. Qu’elle me rappelle qu’il y a un Dieu qui a voulu mourir ainsi pour me révéler combien il m’aime et combien il a soif de mon amour.