Ma mission auprès du pauvre, ce n’est pas de l’éloigner, mais de le soulager

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Homélie du Père Etienne NEMI

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »

Ce sont des paroles que les tout-petits, les faibles, ceux qui souffrent, seraient bien étonnés d’entendre, eux qui n’ont pas l’habitude d’être l’objet d’une si grande et belle attention. Au contraire ils ont très souvent le sentiment d’être rejetés, marginalisés, ignorés, abandonnés, oubliés par les autres et par la société. Mais pour une fois qu’ils rencontrent une personne qui se soucie d’eux, on peut imaginer leur joie…

Il est donc normal que, se sentant ainsi considérés, aimés, honorés, réhabilités, ils soient précisément ceux qui vont réserver à Jésus le plus bel accueil. Ces tout-petits seront ainsi ceux qui pourront le mieux découvrir, toucher et apprécier, à travers Jésus, la sagesse, l’amour et la prévenance de Dieu. Alors que les autres, les puissants, les sages et les intelligents, verront dans cette présence de Jésus non pas une sagesse, mais plutôt une folie, et même un danger.

En effet, dans la bible, les défenseurs des pauvres ont toujours été considérés par les puissants, les sages et les intelligents qui les exploitaient, comme une menace, un danger. Ainsi, ces défenseurs des pauvres seront très souvent persécutés, bâillonnés, empêchés de parler, chassés, et même physiquement éliminés. En les faisant taire, ces puissants, ces sages se fermaient, par le fait même, à la sagesse de Dieu.

En effet, on s’appauvrit toujours en voulant éliminer systématiquement de notre vie, de notre environnement, ce qui nous accuse, ce qui nous dérange, tout ce qui nous questionne…

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »

Plus fondamentalement, Jésus, à travers ces paroles, montre combien le pauvre est au cœur de sa vie et de sa mission et il pose en même temps le problème de la place, dans nos vies et dans notre société, du pauvre, de celui qui ploie sous le lourd poids de son fardeau : le fardeau de sa maladie, de sa solitude, de son deuil, de son caractère, de ses échecs, de sa pauvreté, de ses fautes, de son passé…

S’il était demandé à l’un de ces pauvres de dire ce qu’il rencontrait le plus à travers nos regards, nos gestes ou demi-gestes, nos attitudes et même nos paroles, ce ne seraient pas certainement à ces paroles de Jésus dont il ferait le plus allusion. Mais peut-être qu’il évoquerait des paroles et attitudes de méfiance, de rejet, d’exclusion… Peut-être qu’on constatera que, contrairement à Jésus, on ne leur demande généralement pas de venir à nous, mais de s’éloigner de nous ; on constatera qu’au lieu de les aider à se débarrasser de leur soucis, on préfère nous débarrasser d’eux.

Et notre propre expérience de pauvre ne nous montre-t-elle pas que plus notre fardeau est lourd, plus les autres s’éloignent ? Le temps de notre fardeau n’est-il pas souvent aussi pour nous le temps de la solitude, le temps où les visites se font rares, où le téléphone sonne moins… ?

Et pourtant, un regard, un sourire, une parole, un geste auraient suffi pour alléger le poids de notre fardeau ! _Combien de fois d’ailleurs n’avons-nous pas expérimenté la joie et le soulagement d’être écoutés, accueillis, aidés par un ami, un frère et même un inconnu !*

Rendons grâce au Seigneur pour toutes les personnes, hommes, femmes, jeunes qui ont trouvé et trouvent chaque jour auprès de lui le soulagement et le repos dont ils ont besoin, l’oreille attentive qu’ils recherchent, la parole apaisante qui leur manque ; ceux et celles pour qui la rencontre avec Jésus a été comme une résurrection, une réhabilitation, une remise debout, un nouveau départ…

C’est l’occasion de rendre grâce au Seigneur pour toutes les fois où ces paroles de Jésus ont eu un réel écho dans ma vie, pour toutes les fois où j’ai senti sa présence apaisante et rassurante à mes côtés alors que je ployais sous tel ou tel fardeau dans ma vie, chaque fois où je me suis senti plus léger après une prière personnelle, après avoir écouté sa parole, après une célébration… Rendre grâce pour toutes ces personnes, images du Jésus, qui m’ont aidé ou m’aident encore aujourd’hui à porter le lourd fardeau de ma vie.

C’est l’occasion pour nous de rendre grâce au Seigneur pour toutes ces personnes, hommes et femmes, qui, par leur engagement quotidien, soulagent les fardeaux des leurs frères et sœurs ; ces personnes avec qui le pauvre ne se sent plus en marge ou à la périphérie des préoccupations de la société, mais au cœur. Rendre grâce au Seigneur pour toutes les fois où moi-même j’ai pris le relais en soulageant la peine des autres. Oui, parce que c’est cela être véritablement chrétien : comprendre que ma mission auprès du pauvre, ce n’est pas de l’éloigner, mais de le soulager ; ce n’est pas non plus de tout faire pour lui, mais de l’aider, de lui faciliter l’existence. Oui c’est cela aussi former une société chrétienne : comprendre que notre mission commune n’est pas d’accumuler les richesses, de préserver les privilèges des puissants, mais de protéger les tout-petits qui, du fond de leur misère, peuvent encore entendre ces mots de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »

C’est souvent beaucoup plus facile de d’inviter les gens à aller à Dieu, à prier, que de les inviter à venir à nous. Le vrai chrétien, n’est pas celui qui envoie celui qui ploie sous son fardeau à Dieu, mais celui qui l’invite à venir à lui. C’est beaucoup plus chrétien de dire à mon frère en difficulté : « Viens à moi », que de lui dire : « Va prier Dieu. »

Si le rejet et l’exclusion sont un mélange d’orgueil et de violence, l’accueil chaleureux de celui qui souffre est un mélange d’humilité et de douceur. Comme lui, puisse Jésus nous donner la grâce, à nous aussi, d’être doux et humbles de cœur, pour le soulagement et le repos de nos frères et sœurs.

Oraisons du Père Anicet AWOUBA

🌾🌷💐 Saint Augustin disait : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. » Lorsque Dieu est l’objectif prioritaire tous les autres objectifs de notre vie s’ordonnent et trouvent leur place. C’est ce qu’on appelle l’échelle des valeurs. Quelle est mon échelle de valeurs ? Seigneur, je te bénis pour la beauté de la vie avec toi ! Apprends-moi à me reposer en toi : que tu sois le but de ma vie et que je sache stopper le train-train quotidien pour louer tes merveilles.
Bonjour et bon dimanche !!!