Cessons d’attendre des victoires pour lesquelles nous n’avons pas été capables de nous battre

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Homélie du Père Etienne NEMI

L’évangile de ce dimanche nous propose, une fois de plus, de méditer sur les deux disciples d’Emmaüs. Ils sont une bonne illustration d’une confiance déçue.

Ils avaient tout misé sur Jésus. Ils étaient montés à Jérusalem le cœur léger, plein d’espoirs, de rêves… Et maintenant, c’est la déception, c’est la désolation… Ils doivent redescendre sur terre, sur Emmaüs… Ils rentrent à Emmaüs, le cœur lourd, tête baissée, vidés de leurs forces… On vit toujours la déception comme une déchéance, une chute, brutale, douloureuse…

Si la déception est comme une chute, une déchéance, elle est aussi souvent comme un retour en arrière. En rentrant sur Emmaüs, nos deux infortunés sont obligés de revenir en arrière, à la case de départ. Et tout ce temps perdu pour rien ! Celui qui nous a déçus nous fait très souvent rentrer en arrière, à la case de départ. La déception s’accompagne donc toujours de regrets et d’un profond sentiment d’humiliation. Décevoir quelqu’un, c’est vraiment lui faire subir une humiliation…

Déchéance, retour en arrière, la déception est aussi une mort. Nos deux infortunés ont l’impression qu’on a tué, qu’on leur a volé une vie, leur vie, celle dont ils avaient rêvé, celle en quoi ils avaient cru, celle pour laquelle ils s’étaient investis… On vit la déception comme une injustice profonde parce que la sincérité n’a pas été récompensée, les sacrifices n’ont pas été pris en compte… Celui qui est déçu ne vit plus, il vivote. Pour lui, la vie est morte, et c’est la mort qui vit… Nous sommes nombreux à avoir l’impression que pour nous, la vie est vraiment morte, ce qui devait être un bonheur s’est transformé en un rêve brisé, et que nous devons nous contenter de quelque chose de terne, sans saveur, amer… Décevoir quelqu’un, c’est quelque part tuer en lui quelque chose d’important, de vital, c’est comme si on le laissait à moitié mort…`

Confions au Seigneur toutes nos déceptions, ces moments de déchéance et d’humiliation que nous avons connus ou que nous connaissons, cette tristesse et ce découragement qui accompagnent notre vie, nos journées et nos conversations…

Confions au Seigneur toutes ces personnes que nous avons déçues, tous ces espoirs brisés, ces efforts réduits à néant, ce temps que nous avons brûlé, ces personnes que nous avons trouvées pleines de vie et d’espoirs mais que nous avons laissées presque mortes, ces personnes dont la vie, comme nos deux compagnons d’Emmaüs, se résume aujourd’hui à ruminer tristement un passé qui est devenu pour elles un cauchemar.

Quelles sont les responsables de la déception de nos deux compagnons d’Emmaüs ? A les écouter, ce sont les autres… les grands prêtres et les chefs qui ont fait arrêter et mettre à mort Jésus, mais aussi Jésus qui n’a pas été capable de libérer Israël… Seulement, à aucun moment, ils ne parlent de leurs responsabilités à eux, de leur silence au moment où les adversaires criaient, de leur absence là où leurs adversaires étaient massivement présents… Qui d’entre eux s’est battu ? Ainsi, ils espéraient une libération sans combattre ! Qu’ont-ils fait pour aider leur libérateur à les libérer ? Dans ce combat pour la libération, qui a le plus déçu ? Les autres, ou alors eux-mêmes ? Ou tout le monde en même temps ?

Ceci nous pousse à nous poser la question de notre propre responsabilité dans les malheurs et les échecs de notre vie qui sont autant de déceptions que nous trainons. Nos malheurs ne sont-ils pas aussi le résultat, non seulement de la trahison ou de l’incapacité des autres, mais aussi de nos propres trahisons, lâchetés, renoncements, passivité ?

« Ne fallait-il pas que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire ? » Ne sommes-nous pas comme ces deux compagnons, de ceux qui pensent que la gloire, le bonheur, la libération peut s’obtenir à peu de frais, sans efforts, sans sacrifice, pour nos beaux yeux ?

Les explications de Jésus sur la nécessité du sacrifice pour obtenir la libération et le bonheur dont on rêve nous disent qu’on peut bien être déçus par les autres, par la tournure des événements, mais nous devons toujours éviter d’être déçus par nous-mêmes. La vraie déception, la vraie mort, la vraie humiliation, la vraie déchéance, les vrais regrets, c’est lorsqu’on n’a pas soi-même été au rendez-vous, lorsqu’on a soi-même failli.

Cessons d’attendre des victoires pour lesquelles nous n’avons pas été capables de nous battre, la réalisation des causes pour lesquelles nous ne nous sommes pas mobilisés. Cessons de nous plaindre des échecs, des déceptions, alors que nous n’avons rien fait pour les éviter. On peut bien se cacher, avoir été lâches, et surgir au dernier moment espérant profiter du résultat de l’héroïsme des autres, criant parfois plus fort que ceux qui ont risqué leur vie. Mais quelle fierté, quelle dignité pouvons-nous en tirer ?

La libération que nous apporte Jésus, le bonheur auquel nous aspirons ne saurait être le résultat, le couronnement de nos lâchetés, de nos trahisons, de nos silences, de nos absences. Elle devrait au contraire être le résultat de nos combats, de nos sacrifices, de nos souffrances, de notre héroïsme… La plus grande déception de notre vie, c’est lorsque nous sommes déçus par nous-mêmes.

Mais lorsqu’on a été, comme Jésus, au rendez-vous par notre sacrifice, par notre amour, par notre sincérité, même l’échec ne saurait nous enlever notre mérite et notre victoire. C’est toujours mieux de mourir debout que de vivre couché… Un soldat mort sur le champ de bataille aura toujours plus de mérite qu’un déserteur… L’un sera décoré, l’autre condamné.

🍃 Père Étienne NEMI, CSSp 🍃

Oraisons du Père Anicet AWOUBA

🥀🌹🌷 La Résurrection du Seigneur n’a de conséquence dans ma vie que dans la mesure où je suis conscient de ce qu’est la vie. Laissons-nous former le cœur pour qu’il croie et que nos yeux voient. Esprit-Saint, donne-moi la force d’être avec le Christ, de le connaître, de l’aimer et d’agir comme lui le ferait.
Bonjour et bon dimanche !!!
🔥PAA, CSSp 🔥🥀🌹🌷

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